Et si on parlait gestion naturelle de la fertilité et symptothermie ?
La célèbre devise attribuée à Hippocrate quatre siècles avant J.-C. : primum non nocere (d’abord ne pas nuire) est la devise reprise par nous autres naturopathes pour illustrer notre engagement et notre façon de travailler.
Cette devise prime dans toute prise en charge, que ce soit un accompagnement dans la maladie aiguë ou chronique, dans le suivi d’une grossesse ou dans toute action préventive de maintien de la puissance d’auto-guérison du corps. Cette devise s’applique aussi dans les propositions de prise en charge de la fertilité féminine.
Quels critères pour choisir sa contraception ?
Il n’est pas facile de choisir une méthode de contraception, de définir des critères objectifs. C’est sans doute la raison pour laquelle ce choix est souvent orienté par le personnel de santé prescripteur. Je vous propose 5 critères qui sont en congruence avec cet art de vivre qu’est la naturopathie :
- L’innocuité(primum non nocere) : une contraception naturopathique ne doit comporter aucun risque ni pour la personne qui la suit, ni pour sa fertilité, ni pour son éventuelle descendance, ni pour l’environnement dans lequel elle vit ;
- Sa réversibilité immédiate: une contraception naturopathique doit permettre à la femme, en conscience, de choisir à chaque cycle ce qu’elle souhaite (mode contraception ou mode conception) ;
- Son acceptabilité: il s’agit là d’une notion très subjective ; néanmoins une contraception naturopathique doit être maniable et facile à mettre en œuvre pour la femme et le couple.
- Son efficacité: Une contraception naturopathique doit être efficace. Il est question de la Vie et il n’est donc pas envisageable de bricoler face à de tels enjeux.
- Son coût: Une contraception (même) naturopathique doit avoir un coût aussi faible que possible, qu’il s’agisse de son coût d’achat et de son coût global (de la fabrication au recyclage).
La symptothermie moderne et ces critères
La symptothermie moderne répond favorablement à ces 5 critères. Cette méthode est basée sur l’étude de symptômes, ce qui survient ensemble (sympto) et sur la prise de la température (thermie). Elle apporte une vision novatrice et globale de la fertilité et je vais vous expliquer pourquoi.
Innocuité
La symptothermie moderne est une méthode de gestion de la fertilité non agressive. Ainsi, elle ne dérègle pas le corps féminin avec des hormones de synthèse ni ne le blesse (stérilet, stérilisation …). Elle repose sur la simple observation du cycle. Tout au long du cycle, le corps développe un langage clair et simple qui permet à la femme, à chaque instant, de savoir où elle en est avec sa fertilité. Il suffit donc d’apprendre à décoder ces signes et à les interpréter.
Réversibilité
A chaque début de cycle, en conscience et en responsabilité, la femme (le couple) choisit le mode contraceptif ou le mode conception. Non seulement cette méthode ne nuit pas au corps mais elle donne en plus les clés de l’intimité.
Après une contraception hormonée, il convient de prévoir une année de transition avant de démarrer une grossesse. Ceci afin de nettoyer le corps de la future maman et de combler ses éventuelles carences pour pouvoir assumer les besoins de ce futur bébé. Ce n’est pas le cas en symptothermie.
Qui plus est, elle a la propriété de réguler le cycle ce qui favorise grandement la fertilité.
Acceptabilité
La symptothermie moderne exige une prise de température chaque matin en première partie de cycle avant tout lever. Grace aux progrès réalisés par les thermomètres, cette prise s’effectue dans la bouche, en quelques secondes et sans qu’il soit besoin d’allumer la lumière de chevet. Si la prise de température par voix rectale n’était pas acceptable pour beaucoup d’entre nous (ce n’est pas très glamour !), la prise buccale est désormais possible. Et sans perdre en précision, puisque ces thermomètres prennent une température avec 2 décimales.
Efficacité
Elle est déterminée par l’indice de Pearl. Cet indice est un outil statistique utilisé dans les essais cliniques pour mesurer l’efficacité des méthodes de contraception. Il correspond au nombre de grossesses observées pour 100 femmes utilisant une contraception donnée durant un an. Un indice de Pearl de 1 signifie qu’une femme sur 100 utilisant la méthode pendant un an a été enceinte. Il convient aussi de distinguer efficacité théorique et efficacité pratique.
La pilule a un indice de Pearl qui varie de 0,3% à 1% en indice théorique. La symptothermie moderne affiche un indice théorique de 0,4 % en première partie de cycle et de 0% en seconde partie de cycle. Elle est donc très bien placée en terme d’efficacité.
Coût
La symptothermie moderne a un coût tout à fait acceptable. Seul l’achat d’un thermomètre ad hoc est nécessaire, soit un investissement de 15 à 20 €. Ensuite, il convient d’ajouter le prix d’un stylo et d’une feuille !
En pratique, il convient au début d’être correctement accompagnée pendant la période d’apprentissage avant de devenir totalement autonome. Il faudra donc ajouter le coût d’un tel apprentissage. Cet investissement de formation reste toutefois très rentable. En effet, une fois acquise, la méthode pourra être utilisée pendant toute la période de fertilité, soit environ 40 ans, plus ou moins 520 cycles !
Les bases de la symptothermie moderne
L’apprentissage de la symptothermie moderne repose d’abord sur la révision, souvent nécessaire, de l’anatomie féminine et du système hormonal. Place ensuite à l’explication des signes observables qu’envoie le corps au sujet de l’état de la fertilité.
Les signes observés
Observation des saignements
Il s’agit d’apprendre à distinguer les différents saignements qui peuvent être observés. Et oui, tous ne sont pas des règles ! On appelle règles le saignement qui intervient à la fin d’un plateau haut de température. Le premier jour des règles est le premier jour du cycle. Il faudra le noter dans un tableau spécifique, appelé cyclogramme et quantifier ces saignements.
Observation de la température
A l’aide d’un thermomètre spécifique à la symptothermie moderne (qui indique 2 décimales) et ne servant qu’à cet usage, il convient de relever sa température dans la bouche, le matin, au réveil et avant tout lever. Cette température est notée également sur le cyclogramme.
La première moitié du cycle, sous influence œstrogénique, correspond à une température basale basse. Après le jour sommet (cf. ci-après) intervient la deuxième partie du cycle, sous influence progestéronique et qui correspond à une température basale haute.
Lorsque la courbe de température s’installe en plateau haut, c’est le premier signe (a posteriori) que l’ovulation a eu lieu. En mode débutante, sauf exceptions, la fenêtre de fertilité s’ouvre le 6ème jour inclus du cycle et se referme après 3 températures hautes suivant le jour sommet. A la fermeture de la fenêtre, et jusqu’aux prochaines règles, l’infertilité est absolue.
Observation de la glaire cervicale
La glaire cervicale est une sécrétion de mucus, produite au niveau du col de l’utérus par les cellules des cryptes. C’est un signe qui annonce l’ovulation.
La glaire ressemble à un maillage qui a pour vocation de protéger les spermatozoïdes de l’acidité vaginale, de les nourrir et de les guider en direction de l’utérus.
La glaire arrive graduellement et elle est accompagnée de sensations. L’apparition de la sensation d’humidité est un signal de lancement de sa production et de l’entrée en période fertile. Cette sensation va s’accroitre de jour en jour pour devenir une vraie sensation de lubrification.
Ces informations sont relevées une fois par jour et sont notées. La glaire est également observée à chaque visite aux toilettes et seule l’observation la plus nette de la journée est reportée sur le cyclogramme. L’observation se fait avant d’uriner ou après une selle (l’observation est plus facile car il y a libération de glaire accumulée).
Au début de la période fertile, la glaire est blanchâtre et s’étire peu entre les doigts. Son aspect ressemble à celui d’une crème cosmétique. Petit à petit, elle va devenir transparente et s’étirer de plus en plus. Elle ressemble alors à du blanc d’œuf cru. Cette glaire est synonyme d’hyper fertilité. Le dernier jour d’observation de la glaire blanc d’œuf cru est considéré comme étant le jour sommet. Une fois l’ovule expulsé, sa durée de vie étant très éphémère, la glaire n’est plus sécrétée. Du jour au lendemain, elle n’est plus observable ou alors elle devient opaque et compacte avec la progestérone. La sensation d’humidité cesse aussi immédiatement.
Leur notation
C’est donc en recueillant ces observables sur un cyclogramme que la femme va pouvoir chaque jour savoir si elle est fertile, un peu, beaucoup, totalement ou plus du tout. Le langage corporel qui exprime le fonctionnement du corps humain prend sens et de fait devient moins contraignant.
Ces informations peuvent être notées sur des cyclogrammes papier (dans un joli cahier intime) ou sur une application (sympto free). A chacune de laisser libre cours à sa propre créativité. Toutefois, les icônes de notation sont normalisées. Il est tout à fait conseillé d’y ajouter des annotations personnelles : intimités amoureuses, émotions, éléments perturbateurs (décalage horaire, soirée festive, dispute, voyage, diner copieux …).
C’est une façon très simple de petit à petit découvrir la vie intérieure du corps féminin et son hyper-sensibilité à tout élément perturbateur.
Pour tous les âges ?
La symptothermie moderne est aussi un premier outil pour réguler son cycle: l’auto-observation pendant trois mois suffit généralement à rendre au cycle féminin son rythme naturel. Ceci est d’autant plus vrai si la femme qui s’observe est à son zénith de fertilité, soit entre 20 et 35 ans.
Avant, le cycle de la jeune fille est en rodage : il n’est pas toujours régulier, il est parfois anovulatoire. C’est fréquent et c’est normal.
Après 35 ans et jusqu’à 45 ans environ, la femme est en période de pré-ménopause. Le profil de fertilité change. Les observables se modifient légèrement, notamment au niveau de la glaire et des sensations, la régularité n’est plus la norme.
De 45 à 55 ans, la femme est en période de ménopause. C’est une phase de grande transformation qui fait le pendant à celle de la puberté. Le corps se défait peu à peu de son fonctionnement cyclique.
Cette méthode est utilisable soit à visée de fécondation (notamment en cas d’hypo-fertilité) soit à visée de contraception. La symptothermie moderne peut donc être suivie tout au long de la vie fertile de la femme (y compris en période d’allaitement).
La symptothermie moderne nécessite un apprentissage indispensable
C’est par sa rigueur que l’utilisatrice génère elle-même son propre indice de Pearl. Il est donc indispensable d’approfondir la technique avec une conseillère expérimentéequi pourra l’accompagner jusqu’à l’acquisition de l’autonomie. Elle saura aussi la guider, si elle le souhaite, vers une observation de plus en plus fine et subtile non seulement du langage corporel mais aussi du décodage énergétique.
Et là commencera un merveilleux voyage à la rencontre de soi !